l’histoire
Lors d’une fête somptueuse dans son palais, le Duc
de Mantoue vante l’inconstance et les plaisirs de la chair, et
avoue poursuivre de ses assiduités une jeune fille aperçue à
l’église quelques mois plus tôt. Entre en scène le Comte
Monterone, fou de colère et de honte, car le Duc a déshonoré
sa fille. Le bossu Rigoletto, bouffon du Duc, prend la défense de
son maître et ridiculise Monterone. Il regrette aussitôt ses
paroles quand Monterone le maudit : comment ose-t-il rire de
la douleur d’un père blessé ? Rigoletto est touché en plein
coeur par cette malédiction car, dès qu’il se tient éloigné du
cynisme et de l’atmosphère délétère de la cour, il devient un
autre homme, un père aimant qui ne songe qu’à une seule
chose : protéger Gilda, sa fille chérie, du monde cruel qui l’entoure.
ce qu’ils en disent
Il est admis et reconnu que c’est avec
Rigoletto que Verdi exprime pleinement pour la première fois,
une conception musicale et dramatique qui lui est propre. D’un
point de vue dramaturgique, son nouveau discours est nourri
d’archétypes, de véritables modèles de comportement. Il est
clair que le Duc, sans foi ni loi, est un jouisseur sans entrave. Il
est d’ailleurs tellement superficiel qu’il n’a pas de nom : il est
Le Duc. Un Pouvoir anonyme et absolu. Même analyse pour
Rigoletto. Archétype du père castrateur. L’un et l’autre sont liés,
inéluctablement. Ce sont, pour des raisons diverses, de véritables
marginaux qui revendiquent leur différence dans des airs brillants
et forment un véritable couple historiquement appelé à disparaître,
non sans avoir fait le malheur des autres. Deux hommes,
deux despotes anonymes, auront raison, sans le vouloir, de
celle qui aime à visage découvert : Gilda. Jean-Louis Grinda,
metteur en scène
ce qu’ils en pensent
C’est une mise en scène classique,
mais de bon aloi, que signe le maître des lieux, Jean-Louis Grinda.
Pas de relecture iconoclaste ici. L’histoire est simplement
transposée à la fin du 19e siècle où les courtisans, devenus des
bourgeois habillés en frac, s’adonnent au début du premier
acte à une « partie fine » dans le grand salon du Duc, avec force
filles dévêtues. Remarquablement stylisés et épurés, les
superbes décors de Rudy Sabounghi sont une fête pour les
yeux. À décors sobres, mise en scène sobre. C’est à la transparence
des situations, à l’impact dramatique des différentes
scènes et à la vraisemblance des personnages que Grinda
semble s’attacher. Emmanuel Andrieu, Forumopera.com
La mise en scène de Jean-Louis Grinda souligne toute la richesse
des personnages au coeur d’un récit placé sous l’emprise de la
malédiction. Culture-commune.fr
20142015