l’histoire
« Route à la campagne, avec arbre. Soir. » Mots de
Beckett. Description pour le moins dépouillée. Au milieu de
nulle part deux vagabonds attendent un personnage mystérieux
(un « employeur »), ledit Godot. Ils discutent sur tout et sur
rien. Passent alors un tiers et son valet-esclave qu’il tient en
laisse. À la fin du premier acte, il ne s’est toujours rien passé,
et Godot n’est pas arrivé… De ce rien, c’est encore Samuel
Beckett qui en parle le mieux : « Je ne sais pas qui est Godot.
Je ne sais même pas, surtout pas, s’il existe. Et je ne sais pas
s’ils y croient ou non, les deux qui l’attendent. Les deux autres
qui passent vers la fin de chacun des deux actes, ça doit être
pour rompre la monotonie. Tout ce que j’ai pu savoir, je l’ai
montré. Ce n’est pas beaucoup. Mais ça me suffit, et largement.
Je dirai même que je me serais contenté de moins. » En attendant
Godot a été créé par Roger Blin, le 5 janvier 1953, à Paris,
au Théâtre Babylone. La mise en scène de Paul Chariéras est
une reprise de sa création au TNN en 2013.
ce qu’ils en disent
En attendant Godot est la pièce de
théâtre la plus jouée au monde, c’est LA grande pièce métaphysique
du XXe siècle, mais s’arrêter à cette simple analyse
serait réducteur de son autre dimension, poétique et furieusement
comique. Beckett n’a pas écrit une pièce mais une partition,
qu’il faut prendre dans sa globalité : le livret et la musique.
Tenter de séparer l’un de l’autre reviendrait à en dénaturer
l’esprit et ferait perdre à l’oeuvre toute sa force. Aborder cette
pièce aujourd’hui, c’est se couler dans la contrainte du cadre
dessiné par l’auteur, dans son univers, dans sa musique des
mots, ponctuée de silences rythmés ; c’est en respecter
chaque détail indispensable à la dimension sensible de Beckett.
La liberté du metteur en scène naît justement du carcan de
cette contrainte. Paul Chariéras, note d’intention
Rencontre avec l'équipe artistique à l'issue de la représentation du samedi 24 janvier
20142015