l’histoire
Trois amis, deux femmes, un homme, la quarantaine. Tout à coup un évènement (au retour de la disparition d'un proche ? La révélation d'une maladie ?) les fait sortir du rail. Alors ils ne rentrent pas chez eux. Ils errent à travers une nuit étrange et singulière. Ensemble, ils évoquent dans un dialogue décousu, drôle et délirant, leurs vies, leurs rapports à la vie. Il y a une énergie et une vitalité salutaires dans ce dialogue un peu fou qui cherche à ouvrir les regards, les consciences, et où l'auteur convoque le grand poète du siècle d'or espagnol, Francisco de Quevedo, pour un voyage déraisonnable sur le bel art de vivre pour mieux apprendre à mourir.
ce qu’ils en disent
Cette création est la promesse d'une soirée intense et joyeusement délirante, fondée sur un texte irrévérencieux et portée par le trio magistral de trois comédiens de premier plan.
Anne Tismer, aux côtés de Judith Henry et Vincent Dissez, est cette comédienne qui a enflammée les scènes françaises avec ses interprétations démesurées des pièces d'Ibsen et notamment une Maison de poupée avec la célèbre Schaubühne de Berlin et qui fit le tour du monde.
ce qu’ils en pensent
Féroce. Les deux hommes se livrent à un duel culinaire, chacun disposant d'ingrédients et d'ustensiles de cuisson. Impossible de résumer l'intrigue de la pièce même si on peut y voir une variation sur le mari, la femme et l'amant tant Garcia excelle à déconstruire et à embrouiller. Son texte fonctionne en trompe l'oeil et l'on peut être sûr que dès qu'une situation s'installe, elle va se casser la figure. C'est du théâtre féroce, qui paie son tribut à l'absurde. Perton et ses comédiens ont bien saisi que ce texte jaculatoire, où les répliques brèves s'échangent comme des coups, n'était rien sans le rythme. En l'occurrence, le spectacle fonctionne plutôt comme une partie de ping-pong : ça cingle, plus trempés dans la bonne humeur que dans la violence. Impossible de nier que ça fonctionne, vite et bien. Les trois comédiens, dont une Judith Henry rare au cinéma depuis la Discrète et plus lumineuse que jamais sur scène, empoignent cela avec une jubilation pince-sans-rire qui rapproche Garcia du Roland Dubillard.
René Solis - Libération
20142015