l’histoire
Acrobate, acteur, jongleur, danseur, Yoann Bourgeois, le concepteur du spectacle, se présente avant tout comme « joueur ». En disant « jeu », il n’exclut pas l’acception d’un "espace laissé entre deux pièces pour leur permettre de se mouvoir librement". C’est aussi dans ces interstices que gît son art. Car ici tous les repères habituels sont déplacés et les lois de l’attraction défiées. Le dispositif consiste en un simple plancher actionné par différents mécanismes intervenant sur l’équilibre, la force centrifuge, le tangage... Six individus posés sur ce sol réagissent aux contraintes physiques sans jamais initier le mouvement. C’est dans le corps à corps entre la masse et les contraintes telles qu’elles se présentent qu’une situation apparaît. La multiplicité de principes physiques entraînera une multiplicité de situations. Unique en son genre, ce cirque déconstruisant le cirque est une façon poétique de réinventer l’invention.ce qu’ils en disent
Mon intention est d’affiner radicalement mon geste en misant sur l’acuité d’un principe essentiellement circassien : l’acteur est vecteur des forces qui passent par lui. Il est traversé, il est agi par des flux qu’il traduit comme il peut. Si ce geste est un geste de cirque, c’est aussi parce qu’il participe d’une représentation particulière de l’homme : de même que nous pensons que l’homme n’est pas au centre de l’univers, il n’y a pas de raison qu’il soit au centre de la scène. Sur ma piste idéale (et peu importe si ce cirque existe vraiment ou pas), l’homme coexiste sur un plan horizontal au côté des animaux, des machines, etc. sans les dominer. En repositionnant ainsi les choses, l’humanité me semble autrement bouleversante. Yoann Bourgeoisce qu’ils en pensent
Certains tombent, les autres continuent leur course sautant par-dessus les corps effondrés. On est saisi par la puissance des images. [...] Celui qui tombe est taillé dans une simplicité aussi lumineuse, poétique et indiscutable que le principe de Newton. Ariane Bavelier, Le FigaroYoann Bourgeois a rêvé cette plateforme volante et tournoyante, ce radeau des airs manipulé comme une marionnette à fils. Des ingénieurs, des scénographes, des techniciens hors pair l’ont réalisée. La prise de risque, la souplesse et la concentration des interprètes laissent bouche bée. Jean-Pierre Thibaudat, Rue 89
Au-delà de la prouesse technique, lorsque la fiction advient, mettant en scène des couples, un groupe en voie d’implosion ou le danger de la solitude, Celui qui tombe troque ses atours burlesques pour une gravité toute autre. Philippe Noisette, Les Inrockuptibles