histoire
Sous un titre fédérateur, Didier Bezace fait le pari de réunir trois pièces en un acte de Georges Feydeau : Léonie est en avance, Feu la mère de madame, On purge bébé. Des pièces qui ont en commun les dérèglements de la vie maritale et tout ce qui s’ensuit, pièces qui à l’origine devaient d’ailleurs rejoindre un projet éditorial clairement intitulé Du mariage au divorce. Le parti-pris de Feydeau, on le connaît, il n’y en a qu’un, irréductible : le rire. Didier Bezace s’y attelle. Il est à son affaire et l’a prouvé par le passé en montant Feydeau à trois reprises. Mais si la mécanique du rire est le puissant ressort de ce théâtre, si le vaudeville est à l’œuvre, Bezace ne s’encombre pas des codes bourgeois du théâtre des portes qui claquent. Il restitue tout le comique et la cruauté en revenant aux tréteaux, en ne cédant qu’au texte. Avec lui, c’est le rire nu.ce qu’ils en disent
S’ils nous font rire ces lointains ancêtres déchus d’Adam et Ève, ce n’est pas tant qu’ils sont bêtes, égoïstes et vulgaires, c’est que les folles péripéties de leurs existences ordinaires les mettent littéralement hors d’eux- mêmes : la grossesse de Léonie, la solitude d’Yvonne, l’angoisse maternelle hypertrophiée de Julie sont autant de prétextes à guerroyer l’autre, le mari, enfermé dans le conformisme et les faux-semblants d’une ambition dérisoire. Strict contemporain de Strindberg, Feydeau fait farce d’un tragique malentendu et d’une guerre sans fin entre les sexes ; s’il avait écrit La danse de mort, il nous aurait fait rire, il écrit Feu la mère de Madame et la mort devient une farce. Saluons son génie d’un théâtre où seule l’énergie du jeu fait sens, nous ne le représenterons pas comme le plaisant ethnologue de la bêtise et du conformisme bourgeois mais plutôt comme le magicien facétieux d’un théâtre conjugal épique et absurde, aussi drolatique qu’amer dans la forme qu’il nous propose. Didier Bezacepour plus de renseignements cliquez ici