l’histoire
« Les mots sont des planches jetées sur un abîme, avec lesquels on traverse l’espace d’une pensée, et qui souffrent le passage et non point la station. » Fabrice Luchini aime citer cette phrase de Paul Valéry. Au début de son spectacle Poésie (point d’interrogation), il cite également Cioran pour dire que les Français préfèrent un mensonge bien formulé tandis que les Allemands privilégient une vérité mal dite. Et en effet, de Perceval le Gallois à Comédie française, sa récente autobiographie, Fabrice Luchini occupe une place singulière dans l’imaginaire national. Son nouveau spectacle, qui se présente comme une anthologie personnelle, de Molière à Claudel, de Labiche à Rimbaud, témoigne de sa passion pour la langue française et ses auteurs. Pour notre plaisir, il se fait commentateur de ses choix, ce qui le conduit à évoquer les rencontres importantes de sa vie de comédien. Dans son phrasé, tout devient Poésie (point d’exclamation).ce qu’ils en disent
C’est en découvrant un texte de Paul Valéry sur le langage et la poésie que j’ai eu envie de me confronter de nouveau à des textes de pure poésie, des textes de pure littérature, de pur théâtre... Dans ce texte Paul Valéry s’étonne de la nonchalance avec laquelle les enseignants communiquent l’art de la parole. Cet enseignement était totalement négligé en faveur de celle de la connaissance livresque des poètes. Après une année passée aux côtés de Laurent Terzieff et en souvenir des dîners qui prolongeaient nos représentations, j’ai eu envie d’entrer dans son sillage, lui qui disait : « être un poète, c’est une manière de sentir ». Fabrice Luchinice qu’ils en pensent
Réciter, ce n’est pas le mot. Pendant près de deux heures, Luchini s’emballe et s’émeut, décortique et digresse, susurre et rugit. En un mot, il partage. Le ParisienC’est cela que l’on aime et que l’on vient chercher : le commentaire luchinien après la récitation luchinienne. Un mot ou une phrase que le maître des lieux répète et décortique pendant plusieurs minutes ! Gilles Costaz, Le Point