l’histoire
« Une clownerie énorme » disait la publicité du théâtre de Babylone au moment de la création de En attendant Godot, en 1953. On pourrait reprendre ce slogan pour May B tant dans cette pièce de Maguy Marin l’imprégnation de l’univers beckettien est forte, puissante. Clownerie, c’est le mot qui nous vient quand apparaissent sur scène, ces dix petits blafards, couverts de farine ou de salpêtre, dix humains errants entre bande et sarabande qui se bousculent et dansent l’impossibilité d’être ensemble et l’incapacité tragique à rester seul. Dix clowns ni gais ni tristes, sortis du néant et destinés au néant et qui, en attendant, doivent jouer cette énorme comédie qu’est la vie. Plus de trente ans après sa création, May B bouleverse encore tous les codes et réconcilie théâtre et danse dans un spectacle qui n’en finit pas d’étonner.ce qu’ils en disent
La force et la puissance de May B restent intactes dans cette capacité – qui peut paraître aujourd’hui invraisemblable – de raconter des histoires de brisures constitutives, de mises au monde et d’enfance, de grognements et de hurlements aboutissant dans l’arc de son récit à la reconstitution d’une parade parfaitement expressionniste. May B épouse d’un seul geste – anti-théâtral par son extrême théâtralisation même – la cassure d’une esthétique et ramène sur le devant de la scène le devenir de sa nouvelle expression : les corps alignés qui se déchaussent et se parent d’une nouvelle carapace soulignent, à l’intérieur de l’œuvre, le rebondissement vers un ailleurs infiniment répété, infiniment morcelé dans lequel ils s’engagent. Jean-Paul Manganaroce qu’ils en pensent
Il y a des pièces historiques. May B, chorégraphiée en 1981 par Maguy Marin, en est une. Qui plus est, elle n'a pas pris une ride depuis sa création. (...) Il faut voir et revoir cette implacable ronde dont la litanie touche au plus juste de l'absurdité humaine. Rosita Boisseau, TéléramaMay B ne vieillira jamais, ballet intemporel dont la force saisit chacun. La progression de l’intensité touche au cœur. Les musiques, d’une incroyable justesse, ajoutent encore à l’unité du spectacle. Philippe Noisette, Les Échos
Est-ce une grande chorégraphe qui tient la barre, ou un grand metteur en scène ? Les deux. Dans le monde de la danse-théâtre, en plus d’être une pièce fondatrice, May B demeure un sommet. Nicolas Six, Danser