l’histoire
Yuri Buenaventura ne nous quitte pas. Vingt ans après sa mémorable interprétation de Jacques Brel, c’est à la chanson française qu’il consacre son dernier album Paroles. Avec ce titre beau et simple comme du Prévert, il emprunte au patrimoine de la chanson française quelques-uns de ses titres-phares qu’il adapte pour son orchestre salsa. Réinventer plutôt que reprendre : Yuri Buenaventura, amoureux de la France, a tenu à associer aux textes les musiques et les rythmes qui lui sont chers, comme le mambo ou le cha-cha-cha. Résultat, une étonnante mixité culturelle dont il est depuis toujours le chantre. Aznavour, Brel, Ferré, Ferrer, Moustaki, il y a longtemps que la chanson française est une école mondiale, Yuri de Colombie y ajoute sa note personnelle.ce qu’ils en disent
Quand j’ai quitté la Colombie pour la France à 18 ans, la France représentait Sartre, la Révolution française, la justice. Je pensais que tout le monde y était très poli avec un langage soigné et soutenu. « Bonjour cher Monsieur, où est le métro Saint-Michel je vous prie ? »... Et puis on arrive et c’est : « Salut les meufs ! » ; un grand décalage. Mais je suis heureux d’avoir traversé les années et d’avoir vu la France nue, de l’avoir démystifiée. On est parfois déçu lorsqu’on voit les gens nus. Moi, au contraire, je suis de plus en plus amoureux. Je l’ai vue nue et je l’aime. J’ai une image très forte de Marianne. Pour moi, elle n’est pas une femme dans un tableau de Delacroix. Marianne existe. Quand j’étais SDF, que je vivais dans le métro, cette Marianne m’a donné la main, elle m’a embrassé, m’a serré dans ses bras et m’a donné son sein.Elle m’a transmis ce rêve libertaire. Même si la France et certains Français l’oublient, ce pays est une nation phare, une lumière, un pays de justice. Yuri Buenaventura