l’histoire
Jean-Claude Grumberg réussit à agencer plusieurs petites fables de théâtre extraites de sa création foisonnante : Michu, Moman, Dreyfus, Rouquin, Une vie de « On ». Une manière de rendre évidente la cohérence de son œuvre et, grâce à une mise à distance parfaitement réglée, de jeter sur elle un regard introspectif, décalé, plein d’humour et d’humanité. Un florilège qui devient une création à part entière.ce qu’ils en disent
Il arrive, l’âge aidant, qu’on éprouve le besoin de jeter un œil par-dessus son épaule, histoire de revoir le sentier parcouru. Mais lorsqu’on n’a qu’un œil, on répugne à le jeter. Alors on appelle à l’aide, famille et amis, et c’est ainsi qu’on se retrouve avec eux, sur le sentier de la guerre. L’enfant qui jouait aux Indiens et qui ne parlait pas sous la torture revient au galop car le temps n’existe pas, ni dans la vie ni sur scène, personne ne vieillit, personne ne quitte les planches, ni les mustangs de son enfance. Et si cette soirée, comme aurait dit sa mère, sent légèrement le sapin, c’est très bon pour les bronches, non, le sapin ? Jean- Claude GrumbergExtrait d’Une vie de « On »
D’abord « On » a appris à jouer, « On » s’est pris pour un acteur, « On » a eu la folie des grandeurs, seulement personne n’y a cru, alors « On » a eu beaucoup de temps libre, alors « On » a écrit des pièces, des courtes, des longues, et à la longue « On » a été joué. Et « On » a eu du succès, « On » a bien supporté, « On » était très bien préparé à l’échec, le succès a pris « On » de court et puis peu à peu l’a aigri. « On » s’est senti perdu. Alors pour retrouver ses père et mère « On » a écrit une pièce et « On » l’a jouée, « On » y était patron d’un atelier de confection, « On » a eu encore du succès, « On » a très mal supporté ça, « On » en est tombé malade alors « On » s’est soigné, pendant qu’on se soignait « On » a pas vu le temps passer, « On » a vieilli, tout a filé... « On » peut pas dire qu’on s’est beaucoup marré mais « On » s’est pas trop fait chier non plus. « On » a encore écrit, « On » a relu beaucoup, en fait « On » a très peu écrit, « On » a pas eu le temps, vraiment trop préoccupé, absorbé, obnubilé par cette histoire de « On » youtre, youpin, youvence, « On » est devenu, cahincaha, un vieux garçon, apeuré et braillard écrivain français de son état... « On » a écrit ça, contraint et forcé, comme « On » a écrit tout le reste : comme « On » a pu...