l’histoire
« … je ne me suis jamais senti légitime et encore moins un héritier » écrit Modiano au tout début d’Un Pedigree. Bien avant d’être sacré Prix Nobel de littérature, Patrick Modiano a été un enfant, « né le 30 juillet 1945 à Boulogne-Billancourt, 11 allée Marguerite ». Un enfant balloté, laissé dans des pensionnats comme à la consigne. Le texte raconte les souffrances du petit Modiano qui ne se sent pas aimé. Mais par ses mots, il cherche surtout à mettre un terme à une vie qui n’était pas encore la sienne. Tous les livres de Modiano parlent de Modiano, parfois ouvertement, comme dans Remise de peine, De si braves garçons ou Livret de famille… En s’appliquant ici le terme cru de « pedigree », il compose le portrait sans concession de l’artiste en jeune chien perdu.ce qu’ils en disent
On assimile l’adjectif « modianesque » à une forme de légèreté, mais le terme a aussi à voir avec la solitude, l’incommunicabilité, le fait que ses personnages portent inscrits en eux leur propre mort et leur propre fantôme. J’aime énormément dans ce texte comment il parvient à évoquer sa propre souffrance avec un détachement apparent. L’émotion surgit au coeur d’une écriture qui ne recourt jamais à aucun truc. Il n’envoie pas les violons ! Et, chaque soir, je me laisse surprendre, des larmes me viennent presque à des passages qui ne sont jamais les mêmes. Edouard Baerce qu’ils en pensent
Seul sur le plateau, le comédien semble habiter totalement la tête de l’auteur et ses sentiments, éclatants à force d’être retenus. Sa voix fine et chargée, son corps mince, son regard parfois perdu dans d’invisibles paysages, tout concourt à faire naître Modiano en lui. Laurence Liban, L’ExpressL’interprétation si juste d’Edouard Baer nous donne envie d’embrasser notre vie, à bras grands ouverts, aussitôt le rideau retombé sur la scène. Pauline Lévêque, Paris-Match
Donner à ce texte une voix tient de la gageure. Edouard Baer y réussit avec facilité, dissertant le nez au vent, faisant même rire parfois avec élégance de ce trop-plein de douleur contenue. Martine Silber, Le Monde