l’histoire |
Répondant à l’invitation du musée d’Orsay célébrant le Modèle noir de Géricault à Matisse, le poète, rappeur, slameur, essayiste Abd Al Malik a conçu un spectacle à partir du célèbre tableau de Puvis de Chavannes, précurseur du symbolisme. Sur une chorégraphie du burkinabé Salia Sanou, la musique et les mots d’Abd Al Malik donnent chair à ce Jeune noir à l’épée. Abd Al Malik fait sortir ce personnage de son cadre qui devient son contemporain, un garçon noir en révolte évoluant dans le monde des cités. À travers un récit poétique et musical qui navigue entre Baudelaire et la philosophie d’Édouard Glissant, Abd Al Malik concrétise une ambition, « écrire sur l’identité à l’ère de la mondialisation ».ce qu’ils en disent |
Parmi les autres toiles de maîtres du XIXe siècle, Jeune noir à l’épée, par sa singularité criante en termes de symbolisme et de représentation de la figure noire, me racontait émotionnellement une histoire qui s’inscrivait tout naturellement dans ce monde de pauvreté et de béton que j’avais connu toute ma vie. C’est donc tout naturellement que se mit à s’exprimer sous ma plume, propulsé à notre époque, ce jeune noir, à peine sorti de prison, dans sa cité HLM. Du plus profond de mon propre vécu, je savais bien d’où venaient la lutte de ce jeune noir pour quitter la rue et la haine, sans abandonner les siens, sa relation conflictuelle à ses origines africaines et à la France, sa révolte inflexible contre l’injustice des violences policières subie par son peuple, celui des banlieues, et contre la barbarie des frontières et des crimes qui s’y commettent. Abd Al Malikce qu’ils en pensent |
Le résultat est aussi étonnant que séduisant, tant la danse et les mots se répondent idéalement. Sur scène, quatre danseurs très athlétiques amplifient le propos par des mouvements lents, et des gestes parfois interrompus dans leur élan, dans une forme d’hypermasculinité d’où jaillit pourtant une impressionnante sensibilité. Le FigaroL’artiste touche-à-tout revient (enfin) dans la lumière. ELLE