l’histoire
Sylvain Creuzevault et sa compagnie explorent depuis longtemps l’œuvre de Dostoïevski. Dans les 1 300 pages du monumental Les Frères Karamazov, le metteur en scène a sculpté une adaptation très personnelle. En 2018 il s’était déjà mesuré à Dostoïevski en mettant en scène Les Démons où il avait bien senti circuler un humour farcesque. Avec Les Frères Karamazov, cet humour devient ravageur. Sylvain Creuzevault s’est volontiers laissé guider dans son inspiration par Heiner Müller et Jean Genet qui, eux aussi, ont perçu le mouvement paradoxal d’une écriture qui ne cesse de raturer ce qu’elle affirme, au point d’instaurer dans le roman un véritable « jeu de massacre » après lequel « l’allégresse commence » (Jean Genet). Grâce à un travail préalable d’improvisation mené au plateau, les neufs comédiens ont pu s’approprier pleinement l’approche du texte voulue par le metteur en scène, lui-même sur scène. Ensemble, ils jouent une enquête où les actes, les motifs, les caractères s’ouvrent à toutes les contradictions et dans laquelle se cache une vision grinçante de l’échec du socialisme.ce qu’ils en disent
Avec Dostoïevski, j’ai l’impression que résonne personnellement en moi, ce que je peux voir à titre historique et social dans la généalogie communiste. Dostoïevski est un scanner qui allume chez moi ce qui reste du discours chrétien : cela m’énerve, mais me fait également rire. Sylvain Creuzevaultce qu’ils en pensent
Le français Sylvain Creuzevault mise insolemment sur un plateau nu. La sophistication technique n’est pas son affaire. Il lui a toujours préféré celle des signes, de la pensée en mouvement, incarnée. De ce point de vue, son nouveau spectacle est une réussite incontestable. Brigitte Salino, Le MondeIl n’y a pas de minutes superflues. Pas une phrase, une image, un geste qui ne troublent, éveillent, perturbent, transforment le spectateur. Pas un moment de théâtre qui n’aille à notre rencontre. Joëlle Gayot, Télérama
On se laisse aisément happer par la pièce dont l’élan se maintient quasiment sans faiblir, entretenu par une troupe impétueuse – socle fertile du théâtre de Creuzevault – remarquable de cohésion, une énergie collective charpentée par des individualités débridées. Marie-Valentine Chaudon, La Croix