l’histoire
Dans un espace uniment blanc, une femme et un homme, respectivement R. et J., se rencontrent. Au début, les deux ne font pas la paire. Il est en tenue de ville, elle en jogging. Elle est la souplesse, lui la raideur. On comprend que ce jeune retraité de l’aéronautique dispose désormais de tout son temps et de son corps, sans nécessairement savoir qu’en faire ; elle est précisément « professeure de corps ». Dès lors ces deux personnages vont entrer en dialogue sous la forme d’une performance dansée où leurs corps ont tout à inventer de leur relation et de la place à trouver dans un espace commun. Ce désir d’altérité est aussi celui des deux artistes qui vont vers la discipline de l’autre, pour lui le mouvement, pour elle les mots. Et sur cette page blanche des possibles on sent que l’écrivain qu’est aussi Jacques Gamblin n’a pas fini de nous étonner.ce qu’ils en disent
Je ne suis pas danseur, mais je ne découvre pas pour autant le mouvement : j’ai par exemple conçu des spectacles pour lesquels j’ai travaillé avec des danseurs qui m’ont peu à peu appris à bouger. Ici, ce qui m’amusait, c’était précisément de revenir un peu en arrière, comme si ce personnage découvrait tout juste qu’il pouvait se servir de son corps. J’imagine qu’il est dans un bureau toute la journée, qu’il n’a jamais eu l’occasion de bouger et, soudain, hop, il a envie de découvrir le mouvement ! Jacques GamblinCette rencontre, c’est un carrefour pour raconter toute la complexité de la relation à l’autre, la part que l’on accepte de laisser à son influence, ou pas, la ou les façons dont on se laisse déborder, dont on se laisse mener par le bout du nez, et la façon dont, réciproquement, on titille l’autre, dont on va abattre ses défenses. Voilà ce qui se joue entre ces deux personnages, qui vont apprendre à se connaître, à s’apprécier, éventuellement à s’aimer. Qu’est-ce que l’autre, finalement ? Raphaëlle Delaunay
ce qu’ils en pensent
Ces deux-là étaient faits pour se croiser, pour inventer ensemble des récits facétieux, des tranches de vie ubuesques. On rit de sa gaucherie à lui, de son verbe haut à elle. Un spectacle ovniesque des plus charmants. Olivier Frégaville-Gratian d’Amore, L’Œil d’OlivierD’où vient que ce spectacle, en plus d’être drôle, soit aussi touchant ? Sans doute parce qu’il nous montre deux corps si différents, qui n’ont pas le même sexe ni la même couleur, ni le même âge, et qui pourtant s’apprivoisent. Jean-François Mondot, Théâtral Magazine
Eux aussi dansent et parlent eux-mêmes dans la fantaisie théâtrale qu’ils se sont imaginée. Ils nous embarquent dans leur propos sans propos, leur insatiable quête de l’autre, leur sarabande surréaliste. Rendus curieux, on explore, médusés, d’autres chemins avec eux. Fabienne Pascaud, Télérama
rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation du mercredi 24 janvier