l’histoire
Dans la première version de la plus célèbre de ses pièces, créée en 1664, Molière qualifiait Tartuffe d’« hypocrite ». Mais cette version-là, en trois actes, fut aussitôt interdite par Louis XIV. Ce n’est qu’en 1669 qu’elle reparut, augmentée de deux actes, Tartuffe étant devenu « l’imposteur ». Grâce au travail de « génétique théâtrale » mené par Georges Forestier, le public a pour la première fois accès à la version originelle. Le metteur en scène Ivo van Hove s’en empare et l’interprète d’une façon radicale. Exit le faux dévot, Tartuffe est un SDF sournois recueilli par une famille de bons bourgeois qu’il va pulvériser en révélant tous ses faux-semblants. Dans cet exercice périlleux, la troupe de la Comédie-Française surprend par son audace et fait de Molière le plus contemporain des auteurs.ce qu’ils en disent
Pour moi, Elmire et Tartuffe sont tombés amoureux l’un de l’autre. Ivo van HoveIl est entier, il est mystérieux, j’aime comment il aime, comment il dit honnêtement « oui je suis un salaud et chassez-moi de chez vous », il est très « couillu » et courageux, et je ne le vois pas du tout comme un salopard. Christophe Montenez
C’est une interprétation de Tartuffe comme on a très peu vu, il n’a aucune conscience d’être un manipulateur, aucune volonté d’emprise, ce sont les autres qui le transforment en Tartuffe, c’est comme si dans la famille on ne gardait que les plus névrosés. Denis Podalydès
Moi j’aime beaucoup cette première version car c’est une version tragique et c’est extrêmement intéressant. Il y une résonance très contemporaine par rapport à une personne qui prend une emprise sur une famille, sur un couple et sur un homme. Dominique Blanc
ce qu’ils en pensent
Réjouissante curiosité que cette redécouverte d’un Molière insolent, virulent, transgressif, imprudent, si jeune enfin. Fabienne Pascaud, TéléramaAvec une bande de comédiens virtuoses, dont Christophe Montenez et Denis Podalydès, ce Tartuffe originel claque d’une puissance de feu sur un plateau à nu qui met aussi nos nerfs et nos émotions sous tension. Un spectacle de très haute tenue. Hélène Kuttner, Artistik Rezo
Plus qu’une version inédite : une éclatante réinvention. Philippe Chevilley, Les Échos