l’histoire
Plongeon dans un hémisphère parallèle au nôtre, une nouvelle civilisation bâtie sur les phobies et la paranoïa. Dans ce monde superposé à notre réalité, les femmes - rebaptisées ici les « dulcinées » - n’ont plus licence de vivre si elles ne sont pas attribuées à un Grand Patron. Le diktat de la beauté et de la jeunesse règne en maître, laissant libre cours aux excès d’un pouvoir patriarcal. Les maisons de Poupées, dirigées par les inflexibles petites matrones, accueillent toutes les jeunes filles majeures et non attribuées, où elles sont élevées à la lumière des néons, au reflet des miroirs déformants et à une pesée impulsive dans le but de remporter la Marche des Attributions et de s'affranchir de leurs geôlières. Dans ces cellules aseptisées, les jours se ressemblent et s'articulent autour de quatre préceptes : se taire, prier, travailler, sourire.ce qu’ils en disent
Cette histoire commence par l’envie de parler du rapport des femmes à leurs corps, enclavées dans les croyances et les stéréotypes véhiculés par une société patriarcale poussée à son extrémité. Raconter la souffrance et la joie de porter ce corps tout comme lui qui nous supporte, cette relation complexe, conflictuelle et magnifique que nous tissons avec lui tout au long de nos vies. Plus largement, cette création aborde l'apprentissage de l'amour de soi, et l'absolue nécessité à s'accepter tel que l'on est, à n'importe quel âge, peu importe son sexe et ses origines. Afin de traiter ce sujet par le prisme poétique de la fable, je choisis de transposer mon propos dans le cadre d'une fiction dystopique, à la fois empreinte et décalée de notre propre réalité. Enfin, il m’a semblé essentiel de collecter de nombreuses paroles de femmes pour épaissir le contenu de mon travail dramaturgique, dans le but de bâtir une grande caisse de résonance et composer ainsi, toutes ensemble, le plus juste des chants à l’effigie de nos corps. Je veux écrire pour que lui et moi, on enterre enfin la hache de guerre. Cher corps, arrêtons de te peser. Te comparer. Te vexer. Te dénigrer. Te mal-aimer. Te maltraiter. Et qu’on se rencontre au bout du compte. Qu’on brise les miroirs, qu’on balance les balances, qu’on casse les plafonds de verre, et qu’on respire enfin. Mélissa Pratrencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation du vendredi 2 février