Personne d'autre

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une lettre de mariage
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l’histoire

Daniel Benoin explorera cette saison la profondeur saisissante d’un des plus beaux textes de Botho Strauss, Une lettre de mariage, extraite du recueil de nouvelles Personne d’autre, un monologue intimiste, d’une grande force et d’une grande beauté. Au lever de rideau, une femme, vêtue de chagrin et de dignité, est seule, dans un grand appartement, enfouie dans une veste qui appartient à l’homme qu’elle aime et avec lequel elle a vécu dix-sept ans. Aujourd’hui cet homme se marie avec une jeune femme. Il ne l’a pas invitée à la fête, alors elle lui écrit. Elle a quarante ans, ils n’ont pas eu d’enfant, il ne lui reste rien qu’une photo à laquelle, souvent, elle s’adresse, qu’elle serre sur son cœur pour mieux, qui sait, en retenir le souvenir. Elle ne pleure pas, mais elle est parfois violente, elle a peur, et puis elle craque, tente de rétablir la chronologie de l’amour, d’analyser les racines du chagrin, et puis rit, d’elle, de son sort, et de lui, l’infidèle... Lucide et brisée, elle se reconstruit dans sa parole libérée, jusqu’à atteindre une forme de splendeur, et reconquérir sa féminité au cœur même de la douleur. « Tu es heureux, et aveugle, je suis malheureuse, et je vois » : du désaveu à la reconstruction, de l’amour à la liberté, en traversant la solitude, c’est le portrait magnifique d’une femme qui se bâtit sur la scène. Un très grand moment de théâtre.

ce qu’ils en disent

Quand j’ai relu ce texte, j’ai été frappé par sa force, par sa précision et sa sensibilité. Pour moi c’est un chef-d’œuvre. Je l’avais déjà adapté en 1991, et j’ai envie cette année de le revisiter pour vous, à anthéa. Même si ce n’est pas originellement une pièce, je pense que cette œuvre est faite pour les planches. L’écriture de l’intime y est sublime, et c’est un rôle qui ne peut convenir qu’à une très grande artiste. J’ai rencontré Botho Strauss à Venise, chez lui, un jour de plein hiver. J’étais en train de monter sa pièce Sept Portes, j’étais transi de froid et d’admiration. Il était au sommet de sa carrière, ce moment miraculeux de gloire, où tout était succès – romans, nouvelles, théâtre –, la reconnaissance le comblait. Ses pièces, mises en scène par Peter Stein, se jouaient à guichet fermé, et ces deux hommes étaient en train de révolutionner le théâtre contemporain. J’ai envie cette année de rendre hommage à cet avant-gardiste et à sa plume si singulière, et si belle. Le portrait de cette femme m’émeut ; cette maison dans laquelle elle erre devient une sorte d’espace trouble, entre réalité et cauchemar, un lieu où s’entrechoquent la raison et la folie, où tout est marqué du sceau de la douleur, de la solitude. Et c’est dans cette absolue démolition que cette femme trouve sa grandeur. Je suis très fier de vous présenter cette œuvre méconnue, et heureux de la porter sur les planches d’anthéa. Daniel Benoin

ce qu’ils en pensent

Une heure de solitude, dans une mise en scène intelligente, variée et inventive. Annie Coppermann, Les Échos
Un écrivain qui explore puissamment la rupture dans un texte vrai, sincère, et génial, c’est-à-dire capable d’ouvrir tout grand des horizons inexplorés. Le Monde
Quiconque a connu le grand Amour et l’a perdu ne pourra qu’être bouleversé par cette Lettre de mariage. Sens Critique

rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation du mardi 21 janvier
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