l'histoire
Séville au XVIIème. Don Giovanni est un jeune noble qui, au grand désespoir de son père, passe son temps à jouir de la vie. Très grand séducteur, fin manipulateur, aidé malgré lui par son pauvre valet Leporello, Don Giovanni attire les femmes dans son lit en leur promettant le mariage avant de les délaisser complètement le lendemain. Après beaucoup de péripéties, il se retrouve pourchassé par les maris, les fiancés, les frères et les pères de celles qu'il a séduites et se réfugie dans un cimetière avec son valet pour se cacher des poursuivants. Il se trouve face à la statue de la tombe d'un père qu'il a tué en duel : La Statue du Commandeur. La Statue s'anime et lui demande de se repentir et de cesser de faire du mal sous peine de finir en enfer. Don Giovanni refuse...ce qu'ils en disent
"Don Giovanni, c'est l'opéra des opéras" ! disait Richard Wagner qui n'était pourtant pas tendre avec ses confrères. Dans cette course à l'abîme où nul n'est innocent, ni épargné et où le plaisir l'emporte sur l'amour, Da Ponte, l'abbé libertin, nous propose un livret tout en trompe l'oeil et truffé de pièges. Regardons-les donc d'un peu plus près ces personnages qui s'agitent en vain autour de celui qui se joue d'eux ! [...] Au résultat, c'est bien de l'opéra des opéras dont il s'agit, signé du premier "musicien" à avoir sublimement mis en musique et placé au-dessus de tout, La Liberta ! Eve RuggieriDon Giovanni... ce personnage illustre évoque davantage l'homme aux mille trois conquêtes à la fougue virile que la quête de sens, la vacuité et la vanité de l'existence. Pourtant, dans son errance, au milieu de ces malles, il est face à ses peurs, ses angoisses, sa fuite en avant. Ces malles ne sont-elles pas les délices d’un voyage ultime, où masques et travestissements sont un plaisir pervers, qui - en un cauchemar - se métamorphosent en carrosse effréné, en cercueil inquiétant, en dernier banquet d'un condamné à sa propre folie ? Les personnages qui croisent cette déchéance sont tous doubles, leurs masques ne tomberont qu'à la fin, chacun repartant vers son destin avec sa propre malle emplie de responsabilités, de non-dits, de codes sociaux, de tabous, de faux-semblants. Seul le factotum Leporello, acteur et voyeur des frasques de son Maître, l'accompagnant jusqu'au bout dans sa dérive, finira-t-il par suivre la même destinée, le duende de Don Giovanni sommeillant en lui ? Deux visages pour un seul masque. Jean-François Vinciguerra